Né d'une famille patricienne, et devenu bientôt, par l'éclat de son mérite, un des personnages les plus considérables de Padoue, il pouvait sans doute prétendre aux plus hauts emplois ; mais il dédaigna les grandeurs et voulut mourir dans sa chaire, en interprétant Aristote et en défendant les saines traditions du péripatétisme contre les déclamations véhémentes des nouveaux sectateurs d'Averroès. Doué d'un esprit non moins ferme que scrupuleux, il combattit même dans la légion péripatéticienne quiconque lui semblait avancer des propositions téméraires, et faire ainsi des ouvertures au parti de l'erreur. Son illustre collègue, François Piccolomini, ne fut pas à l'abri de ses censures; il ne supportait aucun écart. Quand il mourut, au mois d'octobre de l'année 1589, on fit frapper une médaille en son honneur, et la république pensionna l'une de ses filles. C'est un hommage auquel nous nous empressons de souscrire. Le xvie siècle a proclamé bien des gloires; elles n'ont pas toutes été consacrées. On avait alors trop d'enthousiasme pour distinguer sûrement le charlatanisme de la vraie science ; mais nous avons à cœur de revendiquer pour Zabarella tous les titres qui lui furent décernés, de son vivant et à l'heure de sa mort, par l'admiration et la reconnaissance. Ce fut, en effet, un véritable philosophe.
Dernière mise à jour:2009-06-01 10:25:38 |