Il avait pourtant composé un très-grand nombre d'ouvrages, s'il faut en croire Melchior Adam qui n'en compte pas moins de trente-quatre, sans parler de ceux qui étaient restés manuscrits. La plupart portent le nom de système, système politique, de mathématique, de morale, d'anatomie, de théologie, de logique, et enfin système des systèmes. Ces ouvrages, dit Bayle, sont pleins de pillages, et ont été bien pillés. Le principal mérite qu'on y peut découvrir c'est une connaissance assez approfondie de la logique, et même de son histoire. Il y en a deux qui méritent une mention particulière. Dans les Prœcognila logicis, Heidelberg, 1599, il essaye en manière de préambule une esquisse de l'histoire de la logique depuis le commencement du monde. Dans le Systema Logicœ, Dantzick, 1600, il présente un résumé clair et méthodique des principales questions de la science, et prend pour modèles, dit-il, Aristote, Cicéron, Agricola, « et magnum illudartium lumen, Philippum Melanchthonem. » C'était le temps où le ramisme se répandait en Allemagne, et où les universités étaient troublées par des débats violents entre les adversaires et les partisans de cette doctrine. Keckermann est loin d'être un partisan de Ramus; il se plaint même avec amertume dans ses Prœcognita des progrès de cette réforme, et estime que les bons protestants doivent rester fidèles au péripatétisme, interprété par Mélanchthon. Mais pourtant il admet quelques-unes des idées nouvelles, et son orthodoxie est suspecte. Cette logique éclectique, sorte de compromis entre le ramisme et le philippisme (système de Philippe Mélanchthon, et qu'on appela philipporamea), ne satisfit aucun des deux partis. Voy. Brucker, Histoire de la philosophie, t. IV; — Bayle, Dictionnaire historique, article Keckermann; — Melchior Adamus, Vitae Germanorum philosophorum, Heidelberg, 1615, p. 499.
Dernière mise à jour:2009-02-22 17:12:40 |