Doué de tous les avantages de la nature et de la fortune, beau, riche, d'une haute naissance, Zénon s'attacha à Parménide, dont il était aimé comme un fils, et se consacra à la défense de son système, sans trahir ses devoirs de citoyen. « Il était à la fois, dit Diogène Laërce, très-vaillant en philosophie et en politique : Γε'γονε δε άνήρ γενναιότατος χαί εν φιλοσοφία χαι έν πολιτεία. » En effet, d'après l'historien que nous venons de citer et dont le récit est confirmé par Plutarque, Zénon serait mort victime de son patriotisme. Voulant rendre à la liberté son malheureux pays, tombé, à la suite de l'anarchie, au pouvoir d'un petit tyran appelé Néarque ou Diodémon, il fut trahi par la fortune dans sa généreuse entreprise, et tomba au pouvoir de son ennemi. Sommé de dénoncer ses complices, il nomma tous les amis du tyran, puis le tyran lui-même, et lui lança au visage sa langue qu'il s'était coupée avec les dents. Cette action fut le signal de son supplice, qui provoqua à son tour un soulèvement populaire. Selon les uns, il fut lapidé , selon les autres, pilé dans un mortier; ce qui fait dire au poète Hermippe : « C'est ton corps qu'on a brisé, mais non toi. » Zenon ne quitta jamais sa petite ville, que pour se rendre quelquefois à Athènes, où par l'éclat de sa parole il attirait à son enseignement l'élite de la jeunesse, et, s'il faut en croire Plutarque, Périclès lui-même. Il faisait payer ses leçons, et même assez cher, puisqu'il reçut cent mines de Callias et de Pythodore ; mais cet usage était universellement répandu jusqu'à Socrate.
Dernière mise à jour:2009-06-01 11:42:50 |