On voit que Zénon avait posé toutes les bases de la doctrine stoïcienne, et, comme nous l'avons déjà remarqué plus haut, qu'il en a dessiné toutes les parties: la morale, la dialectique, la physique. Mais dans quelles proportions les atil réunies? dans quelle mesure les atil développées ? Jusqu'à quel point estil parvenu à les fondre ensemble dans un tout homogène? C'est ce qu'il est difficile de savoir avec les faibles documents qui nous restent. On lui a attribué, comme cela arrive assez généralement aux fondateurs, les opinions qui appartiennent à l'école tout entière, et qui se sont formées successivement. 11 est certain cependant qu'en morale et en politique il se tenait encore trèsprès de Cratès : car, dans son traité de la République, il repoussait, à la manière des cyniques, les mœurs, les lois, les sciences, les arts, tout en demandant, comme Platon, la communauté des biens. Aussi disaiton que cet ouvrage avait été écrit sur la queue du chien, c'estàdire dans le temps où il était encore sous l'influence de son premier maître. Un de ses disciples, Athénodore, effaça de ses ouvrages, qu'il trouva dans la bibliothèque de Pergame, tous les passages qui ne s'accordaient pas avec les idées plus récentes de l'école. Ces idées s'écartaient donc, sur plus d'un point, de celles du fondateur. Ce qui paraît avoir surtout manqué à Zénon, c'est l'unité, c'est l'esprit de système. De là vient que les anciens, reconnaissant facilement les emprunts qu'il avait faits aux doctrines antérieures lui reprochaient d'avoir innové dans les mots plutôt que dans les choses : Zeno quoque non tam rerum inventor fuit, quam novorum verborum (Cicéron, de Finibus bon. et mal., lib. III, c. II, et lib. IV, c. II). Si, en morale, il s'est inspire surtout de l'école cynique, sur la question de la Providence il ne paraît pas s'être beaucoup éloigné de l'Académie. Une maxime, qui lui est attribuée par Diogène Laërce, ferait supposer que Dieu était pour lui une Providence morale. Comme on lui demandait s'il était possible de cacher à Dieu ses fautes : « Non, réponditil, on ne peut même lui en cacher la pensée. » Mais à cette idée venait se joindre le principe de la physique d'Héraclite, que tout le inonde a pour principe le feu et doit périr par le feu. Le principe de sa logique est que toutes nos idées viennent des sens; seulement il reconnaît que la sensation ou la représentation purement passive (φαντασία) ne peut se changer en connaissance que par ces trois actes de notre esprit : d'abord l'assentiment, ou le jugement; puis la compréhension, et enfin la science. La sensation était représentée par la main ouverte; le jugement par les doigts légèrement recourbés; la compréhension par la main entièrement fermée; enfin une main fermée et fortement serrée par l'autre était l'image de la science. C'est positivement à Zénon qu'on attribue l'invention de ces gestes symboliques. Voy., pour l'école qu'il a fondée, le mot Stoïciens. Nous renvoyons au même article pour les ouvrages à consulter, en y ajoutant : H. Forelli, Zeno philosophus leviter adumbratus, Upsal, 1700, in8. — L'antiquité nous parle d'un autre philosophe stoïcien, qui portait le nom de Zénon de Tarse. 11 était disciple de Chrysippe et lui succéda, à la tête du Portique. D'après Diogène Laërce (liv. VII, § 36) il aurait laissé peu d'ouvrages, mais un grand nombre de disciples. Selon Numenius, cité par Eusèbe (Prœparal. evang., lib. XV, c. XVIII), il aurait regardé comme une hypothèse l'opinion stoïcienne que le monde doit finir par un embrasement.
Dernière mise à jour:2009-06-01 14:16:45 |