Son père, appelé Mnasée ou Démée, était marchand, et lui-même, dans sa jeunesse, exerça la même profession. Il avait vingt-deux ans lorsque, parti pour Athènes sur un vaisseau chargé de pourpre, il fit naufrage à l'entrée du Pirée et perdit sa riche cargaison. Dégoûté alors des affaires, qui d'ailleurs convenaient peu à la nature de son esprit, il se donna à la philosophie qu'il aimait déjà; car son père, à la suite d'un voyage en Grèce, lui avait apporté les écrits de l'école socratique. D'après une autre tradition, c'est à Athènes même, en entendant lire le second livre des Mémorables de Xénophon, qu'il conçut pour la philosophie cette passion qui ne le quitta qu'avec la vie. Il s'attacha d'abord à Cratès, à qui il emprunta la plus grande partie de la morale qu'il enseigna plus tard; mais la grossièreté de mœurs de l'école cynique révolta sa pudeur, et il alla chercher une instruction plus élevée auprès de Stilpon, qui unissait, à un esprit subtil, des habitudes et des principes austères. De Stilpon il passa à Diodore Cronus, le dialecticien le plus renommé de l'école megarique; et c'est à l'influence de ces deux philosophes que l'école stoïcienne doit sans doute le goût prononcé qu'elle montra toujours pour les discussions dialectiques. Enfin ses derniers maîtres furent Xénocrate et Polémon,les successeurs de Platon à la tête de l'Académie, qui lui apprirent à considérer, dans leur ensemble, les diverses parties de la science; à joindre la physique à la dialectique et à la morale ; et à concevoir la nature comme un être vivant, soumis aux lois de l'intelligence. Après avoir suivi pendant près de vingt ans les différentes écoles, Zénon tenta de les réunir dans une école nouvelle, dont il établit le siège sous le Portique (Στοά), connu aussi sous le nom de Pécile (la Galerie peinte), et autrefois le lieu des réunions des poëtes : de là le nom de stoïciens que prirent peu à peu ses disciples, appelés d'abord zénoniens. Timon le Sillographe lui reprochait d'avoir fait de ce monument l'asile des gens oisifs, pauvres et mal vêtus; mais d'autres témoignages nous apprennent que Zénon évitait la foule, et que, afin de la tenir éloignée, il exigeait souvent une obole de ses auditeurs. Il lui arrivait même de ne parler que devant deux ou trois personnes. Sa parole était sobre, froide et concise, quelquefois jusqu'à l'obscurité; il n'en fit pas moins une profonde impression sur les esprits, grâce à l'autorité de son caractère et à l'élévation de ses principes. Il comptait parmi ses disciples le roi Antigone Gonatas, qui ne venait pas à Athènes sans aller l'entendre, et qui voulut l'attirer à sa cour. Ptolémée Philadelphe chargeait ses ambassadeurs de recueillir ses paroles il resta à la tête de son école pendant cinquante-huit ans, admiré par son austérité et redouté pour sa franchise. Sa tempérance passa en proverbe. Son patriotisme se partagea entre Athènes, qu'il protégea contre le courroux du roi de Macédoine, et sa petite ville natale. On raconte que les Athéniens avaient en lui une telle confiance, qu'ils lui donnèrent à garder les clefs de leur citadelle; et après sa mort ils rendirent un décret par lequel ils déclarèrent qu'il a bien mérité de la patrie en excitant la jeunesse à la sagesse et à la venu, dont sa propre vie lui donnait l'exemple, et qu'ils lui décernent une couronne d'or, avec un tombeau dans le Céramique. Selon l'opinion la plus commune, il aurait atteint l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans.
Dernière mise à jour:2009-06-01 14:14:09 |