La doctrine morale de Wollaston est exposée dans son Esquisse de la religion naturelle, Londres, 1722, et traduite presque aussitôt en français, la Haye, 1726, in-4. Wollaston doit être rangé parmi les philosophes qui fondent la morale sur la raison, et non sur la sensibilité, comme Adam Smith, ou sur l'intérêt, comme Épicure et Hobbes. Mais la plupart des moralistes de l'école rationnelle considèrent la notion du bien comme un principe suprême, absolument simple et irréductible, type divin placé par Dieu dans notre intelligence. Wollaston, au contraire, tente de définir l'idée du bien et établit qu'elle peut se résoudre dans la notion du vrai. Tel est le criterium de la morale : Agir conformément à la vérité, c'est bien agir ; toute mauvaise action est un mensonge. En effet, dit Wollaston, on altère la vérité par des actes, comme par des paroles : violer un contrat, c'est le nier en action. Dépouiller un voyageur, c'est revendiquer en action la propriété de ce qu'on lui vole. Défigurer la vérité par ses actes, c'est nécessairement faire mal, puisque c'est la même chose que soutenir une proposition fausse, c'est-à-dire contraire à la nature des choses. Et non-seulement on nie la vérité par une contradiction directe, mais on la nie aussi par simple omission. Ne pas tenir sa parole, c'est aussi bien nier la promesse faite, que faire le contraire de ce qu'on a promis. Voy. l'analyse qu'a donnée M. Jouffroy de la théorie de Wollaston dans le Cours de droit naturel, t. II, 24 leçon.
Dernière mise à jour:2009-06-23 01:08:38 |